À l’heure où les footballeurs iraniens défendent les droits des femmes…


L’avortement demeure interdit ou légalement très restreint dans de très nombreux pays, (voir carte et article détaillé par continents). Autorisé dans la plupart des pays développés, il n’en demeure pas moins illégitime stricto sensu (ne serait-il pas un échec ?) comme le rappelle le Planning familial, association nationale affiliée à la Ligue. Pour y pallier, au regard de l’exemple américain ou encore de la position de certains pays européens, l’assemblée nationale vient d’adopter le principe d’une constitutionnalisation de ce droit. Mais cette intention devrait rester lettre morte du fait de l’opposition d’une majorité de sénateurs. A lire les débats en commission sénatoriale à propos d’un récent texte similaire, on fait deux découvertes : d’abord, inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution viendrait…fragiliser cette dernière ! Benoîtement, on imaginait l’inverse, à savoir la Constitution comme le cadre protecteur (et non l’objet) de nos libertés... Ensuite, avorter serait un droit parmi tant d’autres et, plus questionnant voire problématique, un "malheureux dysfonctionnement du système de soins" ! Naïvement, on pensait qu’il s’agissait d’un droit fondamental né de luttes historiques majeures

Cette antienne, sur la meilleure façon de protéger les femmes, y compris d’elles-mêmes, nous rappelle une histoire longue : celle du "sexe faible", des "sorcières", des invisibles de la Révolution française, des éternelles mineures du Code civil napoléonien. Incroyablement retracée par une récente série de France culture consacrée aux violences faites aux femmes, cette histoire tient aussi aux frontières mouvantes entre l’intime et le politique. S’y glissent désormais le numérique et les réseaux sociaux, qui ajoutent une nouvelle dimension, celle de « l’extimité », et bouleversent les mouvements féministes les plus contemporains, comme analysé pour le collectif NousToutes.

Un enjeu de partage entre espace privé et espace public, soit exactement ce qui motive le principe de laïcité, comme le sociologue Philippe Portier l’a précisément retracé lors d’une conférence de notre université de rentrée en septembre dernier (qui sera bientôt disponible en version courte sur le site laicite.laligue.org). Une invitation, s’il en était besoin, à faire vivre la semaine entourant la défense, en actes, de la loi de 1905 et à valoriser autant que nous le pourrons les initiatives, ressources et débats sur le site https://laicite.laligue.org/.


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